Implanté à Vedène il y a un an avec l’appui de VPA, SELT France BioTech vient de nouer un partenariat avec l’équipe Green (UMR SQPOV) d’Avignon Université, scellant ainsi l’ambition de deux acteurs phares de la chimie « verte » et durable du végétal. Aujourd’hui, ils travaillent main dans la main sur l’extraction de protéines végétales, avec de nombreux projets en tête. Retour sur ce partenariat et ses ambitions avec Maryline VIAN, chimiste – professeure et animatrice l’équipe Green et Mounir BOULKOUT, fondateur de SELT.
SELT et GREEN : Deux pionniers de l’éco-extraction
SELT Marine et sa holding de tête française SELT France BioTech
SELT est spécialisé dans l’aquaculture des algues marines biologiques dont elle extrait les principes actifs pour fabriquer divers agents texturants (gélifiants, épaississants…) utilisés dans de nombreuses filières (agroalimentaire, cosmétique, pharmaceutique…).
Dans son unité de production à Vedène qui démarrera en 2024, SELT transformera ses gélifiants et épaississants issus de ses macroalgues collectées dans les concessions marines en Tunisie, à Zanzibar, au Mozambique et prochainement en Europe où la France, l’Italie et l’Espagne sont des cibles prioritaires.
Laboratoire d’éco-extraction Green au sein de l’UMR Sécurité et Qualité des Produits d’Origine Végétale, Avignon Université
Green est un laboratoire de recherche à la fois fondamentale et appliquée. Basé sur le Campus Jean Henri Fabre d’Avignon Université, il s’est spécialisé dans l’éco-extraction de produits naturels à partir de végétaux (plantes, fleurs, graines, racines, micro-algues, levures…) au moyen de procédés innovants et de solvants plus respectueux de l’environnement. Ses découvertes desservent également diverses filières (agroalimentaire, cosmétique, parfumerie …).
Partenaire d’Avignon-Université, Green a déjà déposé une vingtaine de brevets avec des PME ou des grands groupes.
Question à M. Boulkout, SELT
Vous souhaitez valoriser des résidus issus du process de transformation des algues pour en extraire les protéines. En quoi cela est stratégique pour vous ?
Notre objectif est devenir le 1er producteur mondial d’agents texturants et de protéines végétales naturels issus d’algues marines cultivables. Nous sommes actuellement spécialisés dans les carbohydrates (glucides et gélifiants alimentaires) mais visons l’extraction protéique végétale en éco et co-extraction sur les mêmes macroalgues. Car ces déchets naturels sont en abondance et peuvent apporter énormément en matière de protéine mais aussi de biomasse. Nous savons aujourd’hui que la protéine végétale est une alternative sérieuse à la protéine animale pour laquelle des problèmes de ressource se posent. D’où notre intérêt pour elle. Par ailleurs, l’idée est aussi de valoriser des choses qu’on maîtrise de A à Z afin d’éviter la dépendance toujours très onéreuse.
Question à M. Vian, Green
Comment voyez-vous les tendances et attentes du marché actuel ?
Il est clair qu’il y a une très forte poussée du végétal depuis quelques années. Ceci est lié bien sûr à l’intérêt croissant des consommateurs pour les produits d’origine naturelle mais aussi aux enjeux de développement durable et aux nouveaux défis technologiques pour l’élaboration de procédés d’extraction propres. La chimie est souvent perçue comme quelque chose de polluant. Or il existe la chimie verte, celle de la nature, respectueuse du végétal et qui a tout à donner.
Comment est né ce partenariat ?
MOUNIR BOULKOUT : J’ai entendu parler du laboratoire Green en 2017 par VPA. Je n’étais pas au fait de cela à Avignon et j’ai été conquis par l’expertise scientifique locale et la localisation.
Après avoir déjà conduit quelques travaux en interne sur les protéines des algues, nous voulions nous associer à des professionnels de la recherche pour stabiliser et fiabiliser le process.
Nos échanges avec le laboratoire Green ont alors débuté il y a quelques mois, et nous voici dans un contrat renouvelé avec 2 de nos collaborateurs SELT (1 thèse doctorante et 1 ingénieur de recherche) formés et hébergés par le laboratoire pour travailler à l’extraction et à la valorisation protéique.
Maryline VIAN : Nous avions une expérience solide dans l’extraction des microalgues appliquée aux domaines des bioénergies, alimentaires et cosmétiques. Avec ce partenariat, nous explorons le champ des macroalgues, sources de macromolécules avec des activités fonctionnelles et nutritionnelles. Notre intérêt pour SELT tient à plusieurs choses. Nous avons un excellent relationnel avec Mounir B. et il s’agit ici d’une véritable collaboration, avec un échange gagnant-gagnant, à la fois scientifique – sur des thématiques actuelles – et pédagogique puisque nous formons des étudiants et de futurs chercheurs. C’est une collaboration à fort rayonnement et une belle expérience.
Question à M. Boulkout, SELT
Depuis votre installation, vous avez intégré un écosystème Naturalité très présent sur le Grand Avignon, en Vaucluse et plus largement en région Sud. En quoi cela représente une force ?
Des entreprises s’adressent à moi maintenant que nous sommes implantés en Vaucluse. C’est le cas d’une grande société française dans la cosmétique qui veut remplacer ses acrylates (gélifiants d’origine synthétique) par des extraits végétaux issus des algues. Cela nous permet de développer de nouvelles compétences. L’écosystème local Naturalité est très dense ici et c’est une force d’en faire partie. Avec le laboratoire Green, nous travaillons aussi sur la protéine d’une plante terrestre locale à faible besoin en eau et la création d’un épaississant substituable à la gomme de Konjac venue de Chine, présente dans la fabrication de tous les gélifiants ! Là encore, ces recherches contribuent à l’indépendance alimentaire et l’idée est de monter une unité pilote à Vedène. En ayant associé le laboratoire à notre démarche, cela va susciter de nouvelles synergies et déboucher sur d’autres collaborations. La démonstration théorique est déjà très fructueuse.
On se projette sur du très long terme.
Le laboratoire Green va très vite. Ses équipes sont hyper efficaces et nous font gagner un temps considérable ! L‘objectif maintenant est de démarrer une valorisation des coproduits au plus vite pour bientôt présenter les protéines extraites comme nouvelle food « made in Vaucluse » car ce genre de produits est soutenu, apprécié et valorisé dans ce département.