Elles étaient, au 1er janvier 2025, 10 430 cheffes d’entreprises inscrites au registre du commerce et des sociétés en Vaucluse, soit 21% des entreprises enregistrées. De l’informatique à l’économie sociale et circulaire, de l’agroalimentaire aux industries de pointe, elles sont présentes dans tous les domaines.
En cette journée internationale de la femme, on vous emmène à la rencontre de 3 cheffes d’entreprises, qui à travers leur parcours et leur engagement, montrent qu’entreprendre se conjugue au féminin.
Stéphanie Marchal, avocate au barreau d’Avignon
Présidente de Femmes chefs d’entreprises Vaucluse et de Médiation 84, intervenante dans le cadre de « 100 000 entrepreneurs »
Pour Stéphanie Marchal, l’engagement bénévole a toujours été une évidence. « Depuis toute jeune, je suis tournée vers l’autre, d’où mon choix d’être avocate pour défendre les droits des citoyens. Ma nature empathique s’exprime aussi dans la transmission des connaissances, le partage d’expérience, la défense de la place de la femme dans le monde économique et plus largement dans la société. Donner de son temps pour rendre ce qu’on a reçu peut aider d’autres personnes à se projeter ou se lancer dans un projet professionnel »
Ce qui l’a conduite, en plus de son métier d’avocate, qu’elle exerce depuis 30 ans au Barreau d’Avignon, à s’investir dans la vie associative pour apporter son expérience au service des autres.
Tout d’abord avec Femmes Chefs d’Entreprises Vaucluse (FCE, association née en France en 1945). C’est avec des entrepreneures de tous horizons, tous âges, qu’elle partage expériences et son expertise (accompagnement du projet, équilibre vie pro – vie perso…).
Ensuite avec Médiation 84, association fondée par des avocats il y a 20 ans. « La médiation apporte une solution alternative de résolution des conflits familiaux, commerciaux, professionnels, de voisinage ». Là encore, on prône la bienveillance et l’écoute.
Enfin, on peut aussi citer son engagement avec « 100 000 entrepreneurs », dont la vocation est de faire se rencontrer des entrepreneurs et des collégiens/lycéens et de porter la parole notamment auprès des jeunes filles pour leur expliquer que : « oui, elles ont le droit de faire des études longues », « oui, elles peuvent s’orienter vers des métiers scientifiques », « oui, on peut créer son entreprise et réussir, car ces jeunes sont les talents de demain ». Pour Stéphanie, « tous ces échanges, où l’on mesure les peurs, attentes, besoins d’être rassuré des jeunes sont enrichissants. On fait de très belles rencontres ».

Son conseil à une femme pour se lancer
Écoutez toujours cette étincelle intérieure qui vous anime et vous pousse à aller au-delà de vos peurs. Si vous en avez besoin, n’hésitez pas à vous faire aider par d’autres cheffes d’entreprises, des associations telles Femmes chefs d’entreprises Vaucluse où vous trouverez une oreille attentive et bienveillante. Vous n’êtes pas seule et vous pouvez réussir !

Elodie Sarfati, Fondatrice et CEO de People In
Membre du conseil d’administration de la French Tech La Grande Provence
Élodie a l’esprit entrepreneurial et la fibre tech. Étudiante, elle crée une première entreprise puis enchaîne les projets. Sa carrière, comme elle le dit « est jalonnée de challenges grâce à mon parcours atypique. Il fallait à chaque fois que je prouve que ma valeur ajoutée se trouvait au-delà du CV« .
C’est d’ailleurs son expérience qui lui donne l’idée de créer People In en 2017, à son arrivée à Avignon. « J’avais envie de faire quelque chose qui me corresponde et soit utile au plus grand nombre, en répondant à une problématique non résolue. Le concept s’est imposé de lui-même : mettre l’humain au cœur du recrutement, aider les entreprises à voir au-delà du CV grâce à des tests créés sur mesure pour répondre aux besoins des RH. »
Pour cela, elle crée des tests digitalisés personnalisables et utilisables par la suite en autonomie par les entreprises. Il s’agit de faciliter leurs recrutements, en élargissant la liste des candidats. Bien évidemment, l’outil est évolutif en fonction des besoins.
Un système qui paie : 70% des candidats embauchés n’auraient pas passé, le premier cap du recrutement. 9 entretiens sur 10 sont couronnés de succès grâce aux tests. Les profils atypiques apportant des compétences transverses et transférables attirent. On note moins de turnover de personnel dans les entreprises qui recourent au dispositif de People In.
Aujourd’hui, avec une cinquantaine de clients francophones mais aussi au Congo, la start-up vauclusienne compte bien passer le cap de la scale-up, avec l’objectif de devenir un acteur incontournable du recrutement sur les marchés francophones européens avant de partir à la conquête du reste du monde.
Cet esprit dynamique et novateur vaut à Elodie Sarfati de nombreuses reconnaissances : Lauréate 2022 du Classement Choiseul les 100 entrepreneurs de moins de 40 ans prometteurs en région Sud, lauréate du Trophée Innovation RH, Awards de l’Inclusion Economique by la Foundation Mozaïk, lauréate du trophée Women in Tech Sud, prix du courage des entrepreneurs positifs by la CPME de Vaucluse…
Preuve est faite, avec Elodie, que la Tech et l’entrepreneuriat, c’est aussi une affaire de femmes.
Ses conseils à une femme pour se lancer
C’est impossible tant qu’on ne fait pas ! Donc, faites, essayez. Voici quelques conseils :
– Posez-vous la question de savoir ce que vous cherchez en créant une entreprise et ce qui vous anime.
– Ne partez pas seule bille-en-tête. Trouvez un(e) associé(e) pour assumer avec vous le volet opérationnel. Cela vous évitera, en partageant la charge, l’épuisement, la solitude, les désillusions
– N’hésitez pas à emprunter plus d’argent si cela est possible, surtout si le projet est viable avec une marge de progression rapide. Cela vous évitera de perdre du temps dans le développement de l’entreprise
Delphine Chouvet, fondatrice et CEO des Valoristes
Ambassadrice du Mouvement Impact France pour la Région Sud-Provence Alpes Côte d’Azur
L’entrepreneuriat social s’est imposé à Delphine Chouvet à son retour en France, après une vie d’expatriée en Inde, où elle travaillait dans le micro-crédit.
« Quand je suis revenue en France, en Bourgogne, pour pouvoir soigner mes 2 premiers enfants (j’en ai 4 aujourd’hui), souffrant de handicap, il a fallu que je me réapproprie mon pays. Un vrai défi !
La genèse des Valoristes en Bourgogne
C’est alors que deux rencontres déterminantes et une prise de conscience vont sceller mon destin de cheffe d’entreprise à vocation sociale.
La première rencontre s’est faite dans le cadre de mon bénévolat au sein de l’Adie (association pour le droit à l’initiative économique) où je me suis immergée, pour un accompagnement, dans la communauté des gens du voyage, ce qui m’a entre autres permis de découvrir le métier de ferrailleur ; avec cette impression de revenir en Inde, auprès de populations précaires.
La deuxième, lorsque j’ai visité un centre d’enfouissement avec l’association Active (Activateur d’initiatives de l’émergence et de la réalisation de projets de l’Economie Sociale et Solidaire) dont j’étais membre. Un choc et une honte de voir que, dans un pays dit riche et évolué, une énorme majorité de déchets est compactée puis enfouie, polluant l’environnement pour des millénaires.
Guidée par ma fibre écologique et sociale, j’ai réfléchi aux solutions qu’on pourrait développer pour permettre d’économiser de l’argent public (tous ces dispositifs sont onéreux) en permettant, en même temps, à des publics précaires de se réinsérer professionnellement et en valorisant des déchets. L’idée des Valoristes était née. Mais l’entreprise, pas encore.
C’est alors que le handicap de mes enfants a été un révélateur et une chance.
En effet, à l’époque, j’étais en recherche d’emploi, l’hyper active que je suis ayant besoin d’être occupée. Mais aucun poste ne pouvait me convenir en raison des quelques15 rendez-vous médicaux hebdomadaires pour mes enfants (qui ont duré 5 ans). J’avais besoin de flexibilité pour pouvoir jouer pleinement mon rôle de maman.
La solution s’est finalement révélée à moi : j’allais devenir cheffe d’entreprise, ce qui me permettrait à la fois de réaliser mon projet d’économie sociale et solidaire tout en ayant le temps nécessaire pour mes enfants, en étant libre de toutes les contraintes d’un emploi salarié.
C’est ainsi que je me suis lancée, d’abord en autoentrepreneure. Les Valoristes bourguignons prenaient enfin vie. Puis l’entreprise a changé de statut en se développant et en devenant, via l’affiliation avec Cités Caritas, les Valoristes, avec des antennes territoriales. »

Les Valoristes en Vaucluse
En 2023, Delphine s’installe en Vaucluse à la fois à l’occasion d’un rapprochement familial et dans le cadre d’une recherche de gisements pour les trois filières des Valoristes que sont le polystyrène, les fenêtres bois et PVC et la glassine. Les Valoristes en Vaucluse naissent rapidement.
2 ans plus tard, l’entreprise, qui vient de passer d’un local de 250 m² à 1 000 m², emploie 12 personnes en insertion et valorise les déchets issus des industries locales, dont l’agriculture.
« Avec ce nouvel espace, c’est une nouvelle page qui s’écrit, un challenge exaltant car il faut trouver de nouvelles sources de chiffre d’affaires pour accompagner ce développement.
Des projets pour se développer
En analysant notre activité, je me suis rendu compte que l’on ne valorisait pas suffisamment les fenêtres en bois, qui étaient transformées en copeaux, alors que l’on a souvent entre les mains du bois noble (chêne, noyer ou bois exotique par exemple) auquel on peut donner une seconde vie en le surcyclant.
Je me suis d’abord rapprochée de menuisiers travaillant sur ce marché et 50 tonnes/an de bois (que nous préparons pour eux) partent désormais pour devenir du mobilier urbain intérieur et extérieur.
Il fallait trouver une solution pour les 150 tonnes restantes qui passent dans nos ateliers. La solution est venue d’une entreprise basée à Rouen, la Fabrik à Yoops, qui fabrique des tiny houses mobiles pour des personnes en situation de précarité : notre bois deviendra le bardage des maisons !
Nous sommes en discussion pour un futur partenariat vertueux. Une fois le partenariat signé, Les Valoristes en Vaucluse se formeront à l’ingénierie de projet pour construire ces Yoops.
L’objectif est, de déployer cette activité en Vaucluse en expérimentant d’abord sur le Grand Avignon, via la construction et l’installation d’une Yoop d’ici fin 2025 sur un terrain viabilisé. La première étape est d’obtenir l’accord d’un terrain viabilisé. Les contacts sont pris avec le Grand Avignon et la Ville d’Avignon ainsi qu’avec des constructeurs privés
Ce nouvel axe de développementest une montée en compétences des Valoristes : notre bois est upcyclé en bardage et l’on optera, pour les équipements intérieurs, pour du réemploi.
Un projet qui s’inscrit parfaitement dans mon fil rouge de carrière, où il a toujours été fondamental d’avoir du sens dans ce que je fais, en privilégiant toujours la mission au salaire et alignant ma vie professionnelle avec mes valeurs. »
Son conseil à une femme pour se lancer
Tout est possible ! La preuve avec moi, qui ai réussi en dépit des difficultés de la vie.
Créer son entreprise permet de combiner sa vie de femme, de maman, de famille et vie professionnelle en s’organisant en toute liberté. C’est un bon compromis pour tout mener de front. Il faut simplement se sentir de le faire ou de trouver la bonne opportunité.
Des points de vigilance à garder à mémoire : Il n’est pas toujours facile de se faire une place, en tant que femme. Il ne faut pas avoir peur de la revendiquer !
Veillez aussi à toujours conserver la parité dans la gouvernance de votre entreprise, trop souvent à dominante masculine. La place des femmes est importante !