Spécialiste des technologies innovantes dédiées aux drones autonomes pour la logistique critique, Elysium Aircraft créée en 2021 à Toulouse par Baptiste Sauvecanne, choisit le Vaucluse pour développer son projet de transport médical par aéronef piloté à distance. Une bien belle mission prise en charge par cette entreprise accompagnée par VPA pour son implantation au sein du Technopôle Pégase sur le site de l’aéroport d’Avignon. Rencontre avec son fondateur.
Comment est né ce projet ?
Baptiste Sauvecanne : Sensibilisé par l’un des épisodes de la série médicale Grey’s anatomy, j’ai pu constater que le transport d’organe pour greffe était loin d’être optimal. La réalité rejoignait la fiction. Beaucoup de vies pourraient être sauvées si des améliorations étaient apportées dans la logistique de don d’organe. Je suis entré en contact avec M. Florian Bayer, chercheur à l’Agence de la Biomédecine, qui travaille sur une thèse portant sur ce même sujet, initialement centrée sur le transport par hélicoptère. Nous avons pu lui apporter un nouveau point de vue, celui du transport par drone, ce qui lui a permis d’enrichir sa thèse avec cette perspective.
Passionné d’aéronautique et jeune pilote, spécialisé dans le domaine de l’intelligence artificielle, j’ai eu l’occasion d’étudier la question du transport médical par drone après une expérience chez Airbus.
Un seul projet similaire avait été expérimenté un an auparavant aux USA sur une petite distance entre un aérodrome et un hôpital, avec des paramètres très limités (faible altitude, routes survolées fermées…). Tout restait donc à faire…
Vous avez donc décidé de le construire vous-mêmes ?
B.S. : Oui et non. On a touché aux spécifications les plus techniques : la masse totale du drone avec un conteneur, les normes médicales, la distance intéressante à parcourir pour le drone… ce qui nous a amenés à construire un cahier des charges très détaillé. Nous avons commencé la conception du drone de A à Z en utilisant nos compétences et réunit quelques partenaires industriels de la branche et des étudiants de l’ISAE-SUPAERO pour une première conception préliminaire… jusqu’à ce que l’on découvre DUFOUR AEROSPACE AG, un constructeur suisse qui lui était à un stade de développement avancé avec l’Aéro2, un drone aux performances remarquables.
Après avoir reconsidéré la question, nous avons confirmé que notre objectif initial était plus de développer la partie opérationnelle que de construire l’aéronef.
Aujourd’hui, nous sommes partenaires pour une prochaine expérimentation et travaillons sur la partie opérationnelle pour intégrer le drone dans l’espace aérien, prévoir les infrastructures… et surtout aborder tous les aspects réglementaires (autorisation de survol, masse critique, élaboration de procédures pour les opérateurs…).
Et vous avez choisi de mener vos expérimentations ici ?
B.S. : Oui, nous avons quitté l’écosystème aéronautique de la région toulousaine pour la région Sud très ouverte à expérimenter cette innovation ainsi que l’Agence Régionale de Santé PACA. Le Vaucluse est la place idéale. Nous avions aussi gardé des liens avec le pôle Safe. Ce dernier réunit plusieurs professionnels de la filière autour de l’aéroport d’Avignon que nous avons eu plaisir à rencontrer pour le développement de notre projet grâce à VPA notamment. Il y a un vrai intérêt de la part des acteurs locaux et régionaux pour notre projet, et c’est très porteur. Nous allons pouvoir tester les modalités ici et progresser avant d’étendre l’utilisation de notre solution à d’autres cas d’usage.
Le saviez-vous ?
Implanté sur l’Aéroport d’Avignon, le Technopôle Pégase s’adresse aux fabricants de petits aéronefs qui souhaitent s’implanter dans un environnement aéroportuaire offrant tous les services nécessaires pour accroître leur activité.
Comment l’Agence VPA vous accompagne-t-elle ?
B.S. : VPA a été là pour répondre à toutes nos questions avant notre arrivée et reste à nos côtés depuis. Après nous avoir indiqué ce que pouvait nous apporter le Vaucluse en termes d’accompagnement, d’implantation, de réseaux d’acteurs, elle nous a présenté le site du Technopôle Pégase et fait visiter les bureaux. Cette étape est capitale car elle nous a permis de nous projeter dans nos prochaines phases de
développement, avec l’assurance d’avoir un lieu pleinement intégré à l’écosystème aéronautique local.
VPA nous aide dans ce travail de réseautage, fait le lien avec Safe et nous propose de participer à des temps forts, comme des rencontres ou des salons BtoB majeurs pour notre activité.
Quelles sont les prochaines étapes de développement ?
B.S. : Pour commencer, nous travaillons actuellement sur un vol expérimental dans le cadre de la thématique du transport de greffons prévu pour début 2025, avec un second vol expérimental de greffon humain durant l’année. Nous espérons ainsi pouvoir mettre en place des lignes régulières pour les produits pharmaceutiques et biologiques dans le courant 2026.
A moyen terme, nous visons les premiers transports de don d’organe sur des trajets plus longs et envisageons de créer les infrastructures avec le recrutement de télépilotes.
L’un des objectifs est de déployer ce service à un premier Groupement Hospitalier Territorial en 2027 en vue de les déployer sur l’ensemble de la région à l’horizon 2029.